Festival du cinéma belge: histoire d'une réussite bien de chez nous

 

« Un soir... un train »

 

Six ans après le film d'André Delvaux, deux hommes se croisent dans un train. Deux passionnés de cinéma: Claude Leclercq et Yves Tock (avec un film 16mm sous le bras). Nous sommes en 1976, à Moustier-sur-Sambre, l’un travaille à la promotion du cinéma belge au Ministère de la Culture et l’autre organise un ciné-club (d’où le film 16mm). Ils auraient pu ne jamais se rencontrer. Heureusement, ils ont pris le même train, fait connaissance… et parlé de cinéma. Quelques mois plus tard, le Festival du Cinéma Belge voyait le jour.

 

Pas de Benoît –ni Mariage ni Poelvoorde– ni de Marie Gillain ou Olivier Gourmet en 76, toutes ces stars qui attirent le public aujourd’hui et qui propulsent le cinéma belge à l’avant plan.

 

Au premier programme, citons par exemple « Rue Haute » d'André Ernotte ou « Home Sweet Home » du regretté Benoît Lamy. Dès la première édition, les ingrédients d'un festival de qualité sont là: des films inédits, en présence des réalisateurs. Le tout un an sur deux.

 

La quantité de films belges au début des années 80 ne permettait en effet pas d'organiser une programmation de films inédits tous les ans.

 

En 30 ans, les choses ont bien changé: pas les éléments de base « films + invités » mais qualité et quantité se rejoignent. Les films belges sont de plus en plus nombreux et depuis 2002, le festival est devenu annuel. Le public également est de plus en plus présent.

 

Grâce bien sûr à l'ambiance conviviale du Festival mais aussi à l'émergence depuis 10-15 ans d'une génération de cinéastes talentueux, révélés pour la plupart par le festival Média 10-10 avec lequel le Festival de Moustier entretient des liens très forts. Citons par exemple Benoît Mariage, les frères Belvaux,...

 

Grâce également à des « films déclencheurs » qui ont joué un grand rôle dans la reconnaissance du cinéma belge. « Le Maître de musique » certainement, de Gérard Corbiau (1988). « Toto le héros » bien sûr de Jaco Van Dormael (1991). 

 

Et l’émergence d’acteurs connus et appréciés, autant du grand public que de la critique a achevé de donner ses lettres de noblesse à notre cinéma : citons par exemple Marie Gillain avec les films « Marie » et «  Mon père ce héros » et bien sûr Benoît Poelvoorde avec « C’est arrivé près de chez vous ».

 

Aujourd'hui, tous les réalisateurs, acteurs et actrices qui « font le cinéma belge » soutiennent Moustier et y viennent à chaque fois que leur agenda le permet.

Les Frères Dardenne et Jaco Van Dormael bien sûr. Marie Gillain, Benoît Poelvoorde, Benoît Mariage, Joachim Lafosse, Frédéric Fonteyne, Harry Cleven, Philippe Blasband, Miel Van Hoogenbemt, Dominique Abel et Fiona Gordon, Marion Hänsel, Alain Berliner, Xavier Diskeuve, Stéphane De Groodt, les frères Malandrin,  Nicolas Buysse, Marie Kremer, Christelle Cornil,  Jan Hammenecker, Dominique Standaert, Serge Larivière,... impossible de les citer tous mais un point commun à tous ces noms prestigieux: beaucoup ne connaissaient pas le Festival de Moustier avant de venir la première fois... mais tous y reviennent par la suite. La plus belle preuve qu'ils se sentent chez eux à Moustier!

 

Cinéma belge, quel cinéma belge?

Qu'est-ce qu'un film belge? Les historiens auront certainement une définition, les producteurs une autre et les institutions une troisième. Pour nous, c'est simple: un film « belge » est un film qui peut compter sur les talents d'un belge. Un réalisateur par exemple. Un acteur évidemment. Un scénariste aussi ou encore un technicien (combien de films français ne seraient pas ce qu'ils sont sans le talent du monteur Philippe Bourgueil par exemple?). Ne vous étonnez donc pas de voir à l'affiche certains films français ou québécois: dans notre coeur, ils sont avant tout des films belges! « Podium » et « Quand j’étais chanteur » ont notamment leur place à Moustier car sans Benoît Poelvoorde ou Cécile de France, qui aurait entendu parler de ces films? Dans la « cuvée 2009 », il en va de même avec le film français « Louise-Michel », porté par trois talents de chez nous, Yolande Moreau, Bouli Lanners et l’omniprésent Benoît Poelvoorde.

 

Une parenthèse enchantée !

Après plus de 30 années dans le lieu qui l'avait vu naître, grandir, le Festival du cinéma belge a dû, bien malgré lui, changer de lieu en 2010, suite à l'incendie qui a ravagé le centre culturel Gabrielle Bernard en décembre 2009.

De 2010 à 2018, le Festival a été hébergé dans la très belle salle de l'Amicale Solvay, toujours dans la commune de Jemeppe-Sur-Sambre, à quelques kilomètres à peine de Moustier.

Ce site d'exception, de style Art Déco, mis à disposition par l'entreprise Solvay grâce au soutien de la commune de Jemeppe, a permis non seulement au Festival de maintenir son édition 2010 -  sans cette aide, le Festival n’aurait vraisemblablement pu être organisé cette année-là – mais plus encore de donner un nouvel élan au Festival.

DSCF3154.jpg

Changement de lieu mais cap maintenu au niveau de la qualité de la programmation et de la recette qui fait le succès du festival depuis sa création: les rencontres conviviales avec les équipes de film, avant et surtout à l'issue des projections. Le tout dans un site prestigieux, qui a inspiré les photographes professionnels et amateurs, tant la verrière mise en valeur par un éclairage de qualité que la salle avec son cachet des années 30 donnant l'impression aux spectateurs d'être transportés dans la salle de bal d'une croisière transatlantique.

En neuf éditions, le Festival a appris à apprivoiser ce lieu et à améliorer les  conditions d'accueil et de projection afin que l'esthétique et le confort se rencontrent. Une étape de plus sera franchie en 2013 avec l'installation d'un projecteur numérique offert par la Province de Namur permettant d'envisager l'avenir sereinement.

Avenir serein dès 2014 grâce aussi au soutien renouvelé de la Fédération Wallonie-Bruxelles avec la signature d'un contrat-programme d'une durée de cinq ans.

La parenthèse fut longue (9 éditions là où les plus optimistes espéraient un retour à Moustier dès 2012, 2013 au pire) mais elle fut magistrale, des milliers d’enfants sont ressortis avec les yeux pétillants des séances pédagogiques, des centaines d’invités ont foulé le plancher de cette salle à la rencontre des spectateurs venus en nombre découvrir leurs films.

Un immense merci à la société Inovyn et à l’Amicale Solvay pour ce soutien indéfectible durant ces neuf années, aux côtés des partenaires historiques du Festival, dont la commune de Jemeppe-sur-Sambre : grâce aux efforts cumulés, ce festival historiquement attaché à la localité a pu rester sur le territoire de Jemeppe !

Tel le Phénix…

Au printemps 2019, quelques jours après l’inauguration de la nouvelle salle par les autorités locales, le Festival reprendra ses quartiers dans le lieu qui l’a vu naître.

Tel un Phénix qui renait de ses cendres, le Centre Culturel Gabrielle Bernard redeviendra, une semaine par an, le centre mondial du cinéma belge – soyons fous ! –, the place to be pour tous les professionnels du cinéma belge mais aussi les cinéphiles curieux ou passionnés.

Nul doute que de belles et nombreuses pages de la vie culturelle locale et nationale s’écriront dans cet écrin somptueux !

Parmi les invités prestigieux accueillis sur la scène du festival à Jemeppe, citons encore Olivier Gourmet, Bouli Lanners, Natacha Régnier, Vincent Lannoo, Stefan Liberski, Stijn Coninx,  Jonathan Zaccaï  et même Justine Henin. Justine actrice ? Non mais marraine d'une soirée caritative organisée en mars 2012, pour le plus grand bonheur des nombreux spectateurs présents ce soir-là!

Des séances scolaires y sont également organisées depuis la 26ème édition du Festival en 2014. Elles répondent à une volonté clairement affirmée des organisateurs de sensibiliser un public plus jeune à un cinéma qu’il ne connaît pas ou pas assez.

 

L’aventure continue en 2020 avec Philippe Reynaert comme présentateur des films.

Philippe Reynaert

Philippe Reynaert

La 32e édition du Festival 2020 a aussi subi les conséquences du COVID 19. Tout d’abord, la séance des Seniors n’a pu être organisée suite aux conditions sanitaires. Et le vendredi 13 mars à minuit, le FESTIVAL doit s’arrêter, STOP !! Le projecteur s’éteint, le centre culturel ferme ses portes, trois séances n’ont pu être organisées…

Malgré la pandémie qui continue à persister, la 33e édition du festival 2021 a été très riche, quatre longs métrages de fiction en avant-première ainsi qu’une animation. La Palme d’Or 2021 du Festival de Cannes a également été programmée et de nombreux réalisateurs, producteurs et acteurs ont répondu présent.

Un tout grand MERCI à Jean Boreux qui, au pied levé, a remplacé Philippe Reynaert touché par le Covid, pour la présentation des films. Il a répondu favorablement et a tout préparé en un seul week-end.

Le Festival du cinéma belge de Moustier 2022 a marqué le retour tant attendu à la normale après deux éditions largement entravées par la crise sanitaire !

Et c’est une tradition très importante que celle de présenter systématiquement des courts métrages en présence de leurs réalisateurs.trices ou leurs comédiens.nes.

9 courts et 8 longs métrages ont ainsi été projetés cette année.

Un festival qui s’ouvre et se clôture dans une ambiance cannoise, le Grand Prix du Jury attribué à « Close » le film d’Ouverture et le Prix du 75e anniversaire à « Tori et Lokita » pour le film de clôture de cette 34e édition.

On peut dire que les cinéphiles Moustiérois sont sans conteste et de loin les plus fins connaisseurs du cinéma belge !

L’édition 2023 a retrouvé sa vitesse de croisière mais elle a été marquée par le décès de son Président d’honneur, Monsieur Robert Legrand, un hommage lui a été rendu en début de festival.

 
 

Mais retenons la présence de nombreux jeunes professionnels du cinéma (Delphine Girard, Paloma Sermon-Daï, Vivian Goffette, …) et également des fidèles en la personne de Benoît Mariage, Dominique Abel et Fiona Gordon ainsi que des producteurs et des distributeurs

Sans oublier les séances scolaires en journée.